Santé et sécurité au travail
Y voir clair au travail :
gage de bien-être et de performance !
05 décembre 2019
Veiller au bien-être de ses salariés en leur procurant une qualité d’éclairage suffisante et non agressive fait partie des responsabilités de l’employeur. Au-delà de l’obligation, assurer la maîtrise des sources de lumière concourt à offrir une meilleure qualité des conditions de travail et contribue à l’efficacité de ses salariés en protégeant notamment leur équilibre physiologique et psychologique. Mais comment y parvenir concrètement ? Quelles mesures un employeur peut-il mettre en œuvre de manière préventive ?
Une mauvaise qualité d’éclairage : quels sont les risques pathologiques ?
Les pathologies liées à un éclairage insuffisant ou de mauvaise qualité au travail peuvent prendre diverses formes : diminution du champ visuel, baisse de la vision des couleurs, fatigue oculaire et intellectuelle (difficultés de concentration) et douleurs physiques dues aux contractures de postures (source de TMS-troubles musculo-squelettiques). Le travail en éclairage artificiel peut entraîner une perte des repères temporo-spatiaux. Une lumière directe trop forte ou qui se reflète sur une surface brillante peut également être la cause de gênes et d’éblouissements préjudiciables au confort et à la sécurité des salariés. Ils peuvent entraîner des accidents du travail notamment en cas de manipulations de produits dangereux par exemple.
Au-delà de ces facteurs physiques, une diminution ou une absence de lumière en dehors des périodes de sommeil peut perturber l’équilibre des individus et entraîner un stress pouvant aller jusqu’à la dépression.
Il en ressort que contribuer à la bonne santé des salariés par un éclairage adéquat est forcément avantageux pour l’établissement. Mais est-ce obligatoire ?
Quelle est la réglementation applicable ?
Il faut se référer aux dispositions du Code du travail pour trouver les obligations liées à la qualité de l’éclairage dans les locaux professionnels. Ces dispositions ne s’appliquent pas seulement à la sécurité du travail et à la circulation dans les locaux mais traitent également du confort visuel des salariés.
Par exemple, l’article R.4223-2 du Code du travail précise que l’éclairage est assuré de manière à éviter la fatigue visuelle et les affections de la vue qui en résultent ainsi que permettre de déceler les risques perceptibles par la vue.
Sans contre-indication découlant de la nature de l’activité, les bâtiments doivent laisser entrer la lumière naturelle et permettre aux employés d’avoir une vision sur l’extérieur (art. R.4213-2 du code du travail), tout en les préservant d’un rayonnement solaire gênant (art. R.4223-7 du Code du travail). Les locaux de travail doivent autant que possible disposer d’une lumière naturelle suffisante (art. R.4223-3 du Code du travail).
Le Code du travail fixe également des valeurs minimales de flux lumineux reçu par unité de surface (lux). Il détermine ces valeurs selon les lieux :
- Dans les locaux affectés au travail, dépendances incluses, en fonction de l’usage et la destination desdits locaux (voies de circulation intérieure, entrepôts et escaliers, locaux de travail, vestiaires, sanitaires et locaux aveugles affectés à un travail permanent) ;
- Dans les espaces extérieurs (art. R.4223-4 du code du travail).
L’éclairage doit être adapté aux besoins de chacun
Les besoins en éclairage ne sont pas les mêmes en fonction de la tâche accomplie et du personnel affecté. En effet, lorsque les tâches ne nécessitent pas la perception des détails, l’éclairage général est suffisant (éclairement inférieur ou égal à 300 lux). Pour les postes nécessitant des éclairements plus élevés comme ceux nécessitant des déplacements ou l’accomplissement de tâches de précision, l’éclairement nécessaire sera de l’ordre de 400-500 lux voire davantage.
Par souci de souplesse, il est possible d’opter pour des variateurs, des cellules photosensibles qui adaptent automatiquement l’éclairage aux conditions extérieures et gardent une intensité lumineuse constante, des capteurs de présence ou encore des éclairages centralisés par ordinateur.
Pour plus de confort, il est important qu’un salarié puisse avoir la maîtrise de la lumière à son poste. Lorsque l’activité ne permet pas d’avoir un éclairage important, on peut prévoir des pauses lumières (en extérieur ou dans des salles équipées), voire des séances de luminothérapie. Quant à la maîtrise de la luminosité naturelle, elle peut s’assurer par l’installation de pare-soleil non occultant permettant de conserver une vue sur l’extérieur.
Des normes pour un éclairage artificiel performant
Tous les locaux ne sont pas forcément pourvu d’une lumière naturelle suffisante pour un confort optimal, il est donc nécessaire de recourir à une solution alternative, à savoir l’éclairage artificiel. Le choix devra se faire en fonction de l’usage final et respecter la réglementation. En effet, les installations devront être conformes aux normes de référence en la matière, par exemple les normes :
- NF X35-103 – Ergonomie visuelle des lieux de travail
- NF EN 12464-1 – Éclairage des lieux de travail (intérieur)
- NF EN 1837 – Éclairage intégré aux machines
- NF EN ISO 9241-6 – Travail sur écran
Il faut également savoir que certains types de lampe seront à éviter comme par exemple :
- Les lampes à décharge de vapeur de sodium compte tenu de leur température de couleur trop basse et leur mauvais rendu des couleurs (à n’utiliser qu’à l’extérieur des bâtiments) ;
- Les lampes à incandescence halogène du fait de leur faible durée de vie, de leur consommation énergétique et du dégagement de chaleur (attention aux risques de brûlure et d’exposition aux UV).
Pour aller plus loin : Fiche ED 85 « Eclairage artificiel au poste de travail » – INRS
De bonnes pratiques à mettre en place à titre de prévention
Afin d’assurer une qualité d’éclairage suffisante et adaptée aux salariés, il suffit parfois simplement de mettre en œuvre quelques bonnes pratiques, à savoir :
- Commencer par faire un état des lieux de l’installation initiale pour déterminer si des aménagements sont nécessaires pour garantir un niveau d’éclairement adapté et optimal.
- Effectuer un contrôle régulier des niveaux d’éclairement et de luminance au poste de travail et son environnement afin de garantir que la qualité d’éclairage est toujours en adéquation avec les besoins en fonction des profils des salariés et de l’usage des locaux.
- Adapter le matériel informatique : par exemple, un écran de travail doit être mat, de taille adaptée au travail à effectuer mais aussi au niveau de résolution (ou définition) souhaitable. Il doit être orientable et inclinable facilement pour assurer une meilleure posture au salarié.
Se pencher sur la question de la qualité de l’éclairage diffusé sur les lieux de travail et agir pour faire en sorte que cette dernière soit optimale pour le bien-être de ses salariés, c’est répondre à l’obligation de santé et de sécurité dont tout employeur est responsable. Au-delà de ces aspects spécifiques, entreprendre ce type d’actions permet également de trouver et mettre en oeuvre des solutions éco-responsables moins énergivores. Tout le monde y trouve finalement son compte !